La Nouvelle-Zélande s’est fixé des objectifs ambitieux dans la lutte contre le tabagisme et vient de voter une loi en faveur de l’interdiction de vente de tabac à vie pour les personnes nées après le 01/01/2009. Les autorités ont déclaré que leur objectif était de réduire le nombre de Néo-Zélandais qui fument des cigarettes à seulement 5 % de la population d’ici 2025. Rappelons que, sous le seuil de 5% de prévalence dans un pays, celui-ci peut être considéré comme étant « non-fumeur ». Actuellement, 11 % de la population néo-zélandaise adulte fume. La prévalence du tabagisme est, somme toute, assez proche de l’Angleterre. La Nouvelle-Zélande, tout comme le Royaume-Uni, promeuvent l’usage de la vapote dans leurs politiques de réduction des risques du tabac. En France, nous avons toujours plus d’un quart de la population fumeuse selon la police et plus de 30% selon les organisateurs. Cherchez l’erreur.
Des baisses encourageantes
Le taux de prévalence néo-zélandais a beaucoup baissé au cours des 30 dernières années. Ainsi, de 25% de fumeurs en 1996/97, on est passé à un taux actuels de moins de 10,9%. Tout comme dans nos contrées, le taux de tabagisme est différents selon les couches sociales et/ou ethniques. Ainsi, derrière le relatif bon chiffre de 11% de prévalence, on trouve une population Maori fumeuse à plus de 25%. L’écart est considérable. On peut également constater que l’utilisation de la vape est en hausse avec, aujourd’hui, 6,2% des adultes classés comme utilisateurs quotidiens de la e-cigarette. Cette utilisation est plus élevée chez les jeunes (18 à 24 ans) et chez les Maoris.
Une politique (très) volontariste
Plusieurs lois et réglementation sont apparues en Nouvelle-Zélande afin de contrer le tabagisme : taxation, interdiction dans les espaces publics, initiatives de sevrage, restriction commerciales et campagnes sur les effets négatifs du tabac fumé font partie de l’arsenal des autorités de santé du pays. Ces initiatives sont passées sur trois axes essentiels : accessibilité financière, accès et attrait. Le premier point consiste à augmenter les droits d’accise afin de rendre la tabac moins abordable. Le deuxième est de supprimer les présentoirs de tabac, introduire le paquet neutre, réduire le nombre de détaillants, interdire la vente dans les débits de boissons alcoolisées et mettre en place une politique de « génération sans tabac ». Enfin, la Nouvelle-Zélande s’oriente vers l’utilisation de produits du tabac moins attrayants et moins addictifs en limitant les additifs et en réduisant les niveaux de nicotine.
Il n’y a aucune bonne raison d’autoriser la vente d’un produit qui tue la moitié des personnes qui l’utilisent
Ayesha Verrall – ministre de la Santé Néo-Zélandaise
La chasse aux fumeurs est ouverte (mais pas celle aux vapoteurs)
C’est dans ce contexte que la Nouvelle-Zélande a décidé de frapper très fort. Ainsi, le mardi 13 décembre dernier, un plan fut adopté par le législateur à 76 voix contre 43. Cette loi est la suivante : le tabac ne pourra jamais être vendu à une personne née le 1er janvier 2009 ou après. En d’autres termes, plus le temps passera, plus l’âge légal autorisant l’achat de tabac augmentera. Selon la loi, une personne qui voudrait acheter un paquet de cigarettes dans 50 ans devra présenter une pièce d’identité prouvant qu’elle a au moins 63 ans. Suite à cela, la loi réduit également le nombre de points de vente autorisés à vendre du tabac de 6000 à 600. La ministre de la Santé, Ayesha Verrall, a déclaré : « Il n’y a aucune bonne raison d’autoriser la vente d’un produit qui tue la moitié des personnes qui l’utilisent. Et je peux vous dire que nous mettrons fin à cela à l’avenir, en adoptant cette loi ».
Ayesha Verall a ajouté : « le système de santé économiserait des milliards de dollars en n’ayant pas besoin de traiter les maladies causées par le tabagisme, comme le cancer, les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et les amputations. Ce projet de loi créerait un changement générationnel et laisserait un héritage de meilleure santé aux jeunes. »
La Nouvelle-Zélande limite déjà la vente de cigarettes aux personnes âgées de 18 ans et plus, exige que les paquets de tabac comportent des avertissements sanitaires graphiques et que les cigarettes soient vendues dans des paquets neutres. Ces dernières années, la Nouvelle-Zélande a également imposé une série de fortes hausses de taxes sur les cigarettes.
Bien évidemment, les autorités Néo-Zélandaises comptent sur le fait que le tabac sera « éradiqué » bien avant. En fait, avant 2025 selon la politique de réduction des risques déjà mise en place.
Ce qui est important, c’est que cette loi ne concerne pas le vapotage, déjà très populaire en Nouvelle-Zélande et que le gouvernement encourage.
Conclusion
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la Nouvelle-Zélande veut taper un grand coup dans la fourmilière du tabac fumé. Il sera très intéressant de suivre ça de près car, en tout cas en France, notre prévalence demeure désespérément haute et l’on ne voit pas vraiment venir de changements. Plusieurs facteurs entrent en jeu et notamment l’ostracisation du vapotage. Et oui. N’en déplaise aux marchands de doute habituels, c’est très certainement la vape qui permet déjà à la Nouvelle-Zélande de n’avoir « que » 11% de fumeurs aujourd’hui, à l’instar du Royaume-Uni ou même des USA. Certes, les fumeurs vont en prendre un sale coup, mais les solutions de substitutions comme la vape, et pourquoi pas le SNUS et autres pouches, toujours interdits en Europe, ne sont pas mises à l’écart comme en France ou en Europe. De toute façon, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 11% contre 25% de fumeurs, vainqueur Nouvelle-Zélande par KO technique. Et si, d’aventures, le pays des kiwis arrive à moins de 5% de fumeurs d’ici deux ans et que nous stagnons ici sur les mêmes chiffres, gageons que nous changerons d’avis. En attendant, et d’ici là, nous aurons 150 000 décès dû au tabac fumé.
Sources :
https://time.com/6240616/new-zealand-bans-cigarettes/
https://www.npr.org/2021/12/15/1064212737/new-zealands-cigarette-ban-model