Les arômes autres que tabac sont importants dans la réussite du sevrage avec la vape


 

Dans la crainte de voir les plus jeunes s’adonner au vapotage, les autorités de certains états ont interdit les arômes autres que tabac et menthe. D’autres pays sont en passe de les bannir comme les Pays-Bas dès le 1er juillet prochain. Ce sujet est aussi mis sur la table en vue de la future TPD V3 et du plan cancer européen (BECA). Mais qu’en est-il du ressenti des vapoteurs dans le cadre de leur défume ? La question se pose de savoir si interdire tous les arômes, autres que tabac et menthe, ne sera pas une catastrophe du point de vue de l’adhésion à la vape. Une étude, parue en 2020, s’est attelée à déterminer le rôle de la variété des arômes dans la réussite du sevrage. Tout comme le fait de rester abstinent avec le vapotage.

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Contexte

L’étude a été menée aux USA et au Canada et comprenait 1603 personnes interrogées. Les répondants étaient soit des vapoteurs exclusifs, soit des vapo-fumeurs. Ils étaient classés selon l’une des 7 saveurs qu’ils avaient utilisées au cours du mois précédent ; à savoir : tabac, tabac/menthe, non-aromatisé ou bien autre que tabac (menthes, fruits, gourmands, bonbons et autres). L’objectif de l’étude était de savoir si les vapoteurs consommaient plus ou moins de saveurs autres que tabac. L’étude a ainsi pu classer les arômes les plus populaires et tester si les arômes sont associés à :

  • La satisfaction du fumeur par rapport au tabagisme
  • Le niveau de plaisir du fumeur
  • Les raisons de préférer la tape
  • La tentative d’arrêter de fumer.

Résultats

Les vapoteurs utilisent un large éventail d’arômes, 63,1 % d’entre eux utilisant un arôme sans tabac. Les catégories d’arômes les plus courantes sont :

  • fruits (29,4 %)
  • tabac (28,7 %)
  • menthe/menthol (14,4 %)
  • bonbons (13,5 %).

Les vapoteurs utilisant des arômes de bonbons (41,0 %, p < 0,0001) ou de fruits (26,0 %, p = 0,01) ont trouvé la vaporisation plus satisfaisante (par rapport au tabagisme) que les vapoteurs utilisant un arôme de tabac (15,5 %). Ils ont aussi jugé la vaporisation très/extrêmement agréable (fruits : 50,9 % ; bonbons : 60,9 %) par rapport à ceux utilisant un arôme de tabac (39,4 %).

Parmi les utilisateurs simultanés, ceux qui utilisaient des arômes fruits (74,6 %, p = 0,04) ou bonbons (81,1 %, p = 0,003) étaient plus susceptibles que les utilisateurs d’arômes tabac (63,5 %) de vapoter pour arrêter de fumer. La catégorie d’arômes n’était pas associée à la probabilité d’une tentative d’arrêt (p = 0,46). Parmi les vapoteurs exclusifs, les arômes de tabac et les arômes sans tabac étaient populaires. Cependant, ceux qui utilisent des arômes de tabac (99,0 %) sont plus susceptibles que ceux qui utilisent des arômes de bonbons (72,8 %, p = 0,002) ou des e-liquides sans arôme (42,5 %, p = 0,005) de vapoter pour poursuivre leur sevrage.

Les arômes sont-ils réellement un problème ?

A la lumière de cette étude, il apparaît que la diversité des arômes est une des clés de la réussite du sevrage par la vape. Dès lors, limiter les arômes aux seuls tabac et menthe serait particulièrement néfaste. Les vapoteurs aiment bien changer d’arômes et c’est, en partie, ce qui les stimulent à conserver le vapotage plutôt que de revenir au tabac combustible.

Il a été déjà démontré que les arômes ajoutés dans le tabac combustible sont essentiels à l’initiation au tabagisme. C’est pourquoi un certain nombre de pays et de sous-juridictions ont déjà interdit tout additif aromatisé et/ou mentholé dans le tabac combustible. De fait, la vape étant associée, à grand tort, au tabac, il est logique de se dire que les arômes un peu chatoyants attireront nos chères têtes blondes vers la vape.

Alors, certes, nous connaissons les arguments des anti-vape : les arômes bonbons, fruits et gourmands attirent les plus jeunes. Et ce n’est pas totalement faux. Nous le savons tous, l’adolescence est une période compliquée de la vie. Cette tranche d’âge est particulièrement vulnérable aux stimuli du marketing et à l’effet de groupe. Ajouté au fait qu’à cet âge, nous sommes (ou avons été) prompts aux défis et autres expérimentations plus ou moins dangereuses. Mais simplement supprimer les arômes dans les e-liquides serait une solution à l’emporte-pièce sans tenir compte de certaines nuances à apporter. 

Ce que dit la loi

Il y a deux choses à retenir :

Le première  est que la vente de produits de la vape est interdite aux mineurs dans toute l’Union Européenne (et ailleurs). C’est clair, net et précis et cela est valable autant pour les e-liquides que tous les matériels. Les vape shops sérieux, et c’est la très grande majorité, sont très attentifs à cela. Qu’en est-il du tabac fumé ? Celui-ci est tout autant interdit de vente aux mineurs et pourtant, il y a toujours des fumeurs mineurs. Alors oui, c’est compliqué mais c’est sujet sur lequel les autorités auraient fort à faire.

La deuxième, et cela est tout autant explicite dans la loi : interdiction de propagande et de publicité pour tous les produits de la vape, tout comme le tabac fumé. Cette loi est bien appliquée dans l’ensemble, mais il reste un sujet épineux : les réseaux sociaux. Les jeunes y passent un temps considérable et leur influence est beaucoup trop problématique. De plus, ces réseaux sortent des juridiction européennes ; qu’il s’agisse d’Instagram (US) ou de TikTok (Chine). Enfin, l’achat en ligne peut poser un problème de contrôle d’identité.

Conclusion

Alors la question se pose : les arômes sont-ils vraiment le problème ?

Les arômes, cette étude le démontre bien, sont indispensables dans la réussite du sevrage tabagique. Restreindre ceux-ci aux seuls tabac et menthe risque fort de décourager beaucoup de vapoteurs et les inciter à revenir vers le tabac fumé. De même pour les candidats à la défume qui seraient moins enclins à basculer vers le vapotage. Et c’est une très mauvaise nouvelle sans parler du désastre sur les fabricants de e-liquides dont le métier n’aura plus aucun sens.

Il faut bien le dire, empêcher un ado de faire des expériences relève de la gageure. A moins de mettre un policier derrière chacun d’eux ou les enfermer dans une cage, ça va être compliqué. Même si on a du mal à l’entendre, ne vaut-il pas mieux expérimenter de la vape à 0mg plutôt qu’une cigarette ? Passé l’effet de mode, la vape sera très majoritairement abandonnée ; la cigarette, beaucoup beaucoup moins.

Si le problème vient du fait que tous ces arômes attirent les plus jeunes, encore une fois, il y a des lois. Respectons-les avant de jeter le bébé avec l’eau du bain. Et cela est valable pour le tabac fumé, lui aussi interdit de vente aux mineurs. Idem concernant le marketing agressif sur les réseaux sociaux. On peut d’ailleurs se demander comment les jeunes arrivent encore à se procurer des cigarettes de nos jours. Si l’on admet que la loi est respectée dans les commerces, cela veut dire que des adultes achètent les produits pour les mineurs. Peut-être faudrait-il se poser les bonnes questions avant d’accuser les arômes de tous les maux. A commencer par la responsabilité des parents, et adultes en général, de l’entourage des mineurs.

Source : The Association of E-cigarette Flavors With Satisfaction…