Afin d’attirer une clientèle toujours plus nombreuse (notamment les jeunes), les géants du tabac ont « arrangé » leurs produits avec toutes sortes de recettes. Cela va du menthol, aux arômes de fraise en passant par du miel, du chocolat ou du sucrose. C’est pourquoi les gouvernements ont ces pratiques dans le collimateur et souhaitent les interdire. Aux USA, certains états, et quelques centaines de municipalités, ont déjà sauté le pas, comme la ville de San Francisco. Là où le bât blesse, c’est que cette interdiction concerne également la vape ; tout simplement parce qu’elle est assimilée à des produits du tabac. La question est : a-t-on mesuré l’impact de cette décision ? C’est chose faite dans une étude publiée le 24 mai 2021 par Abigail Friedman. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat n’est pas brillant.
Méthodes
L’étude portait sur un échantillon de plus de 100 000 mineurs dont 95% ne présentaient pas de données manquantes concernant le tabagisme récent ; ce qui représente un échantillon solide. Les données provenaient de plusieurs districts, dont celui de San Francisco, et disséminés sur tout le pays. Parmi les répondants, 9225 étaient scolarisés à San Francisco et 86618 d’autres districts.
L’interdiction des arômes dans les produits du tabac est intervenue en juin 2017. L’étude montre les mesures de prévalence entre 2011 et 2019. Le but de l’étude est de comparer les résultats de la prévalence tabagique chez les mineurs par rapport aux districts n’ayant pas interdit les arômes.
Résultats
Alors que le tabagisme avait chuté à 4,2% en 2017 à San Francisco, le taux de jeunes fumeurs est remonté à 6,2% en 2019. Les autres districts continuaient, quant à eux, à enregistrer une chute du tabagisme pour être, en moyenne, à 2,8%. On le voit sur la figure 1, la divergence a commencé dès l’entrée en vigueur de l’interdiction des arômes et ne fait qu’augmenter depuis.
Si on considère les moyennes pondérées sur la période donnée (2011-2019), la prévalence tabagique à San Francisco était déjà un peu supérieure à celle des autres districts (6,2% contre 5,6%). Mais en 2019, l’écart se creuse nettement.
Conclusion
Il est clair aujourd’hui que l’arrivée du vapotage a drastiquement fait baisser la consommation de tabac fumé aux USA. Et les courbes de prévalence le montrent clairement. Dès lors, on ne peut que déplorer l’incessante assimilation du vapotage avec le tabac combustible. La diversité des arômes est une part essentielle du succès de la vape. Les autorités de certain(e)s villes et états américains, sans doute influencées par de puissants groupes de pression hautement toxiques, ont élargi l’interdiction des arômes aux e-liquides à vapoter ; moyennant quoi, l’attractivité de la vape s’en trouve amoindrie. Le résultat est là : les jeunes retournent à la cigarette.
Abigail Friedman s’alarme en faisant remarquer que l’analyse des données montrent un doublement du tabagisme chez les lycéens mineurs par rapport aux autres districts. L’interdiction des arômes pour la vape en est très certainement le vecteur. Comme tout bon scientifique, Abigail fait cependant remarquer qu’il pourrait exister un biais de généralisation. Aussi, la surveillance des prochaines données devraient infirmer ou confirmer le phénomène
Nous le savons, la Commission Européenne est tentée de prendre le même type de mesures délétères alors même que certains états membres étaient déjà dans les starting-blocks comme le Danemark. Au final, une interdiction des arômes (autres que tabac et menthe) dans les e-liquides à vapoter auraient des conséquences désastreuses dans la lutte contre le tabagisme, comme le montre l’enquête menée par l’ETHRA.
Source : https://jamanetwork.com/journals/jamapediatrics/fullarticle/2780248 – Traduction complète ici.