Rapport de l’ETHRA : quel avenir pour la vape en UE ?


 

ETHRA Survey 2021

Entre le 12 octobre et le 31 décembre 2020, l’ETHRA a lancé une grande enquête en ligne sur les consommateurs de nicotine dans toute l’UE (y compris UK). 35000 participants ont répondu à l’enquête, ce qui en fait l’une des plus grandes réalisée à ce jour.

L’ETHRA, c’est l’European Tobacco Harm Reduction Advocates. Il s’agit d’un groupement européen de 21 associations comme l’AIDUCE, réparties sur 16 pays membres de l’UE. L’ETHRA a pour objectif de défendre les intérêts des consommateurs de produits à risques réduits en promouvant toutes les alternatives au tabac fumé.

Le rapport fut rendu le 10 juin 2021 et est disponible ici (en français). Voici ce qu’il en ressort.

 


Composition de l’échantillon

Parmi les 35000 participants, nous avons :

  • 94 % utilisent des produits de vapotage.
  • 9 % fument des cigarettes et 3,6 % du tabac à rouler.
  • 2,9 % de l’échantillon utilise du SNUS, tandis que 1,5 % des sachets de nicotine (« snus sans tabac ») et 0,5 % des « chewbags ».
  • 0,5 % ont recours aux produits de nicotine pharmaceutiques (gommes, patchs ou inhalateurs).
  • Une petite proportion de r pondants utilise divers autres types de produits de tabac combustibles : 0,9 % fument le cigare, 0,5 % la pipe et 1,3 % la chicha.
  • 1,6 % consomment des produits de tabac chauff .
  • Le tabac à priser compte 0,3 % d’utilisateurs et les autres tabacs oraux 0,1 %.

78,7% des répondants sont des ex-fumeurs dont 97,6% ont cité la vape parmi les aides à l’arrêt du tabac.

L’enquête était centrée sur deux points : la vape et le snus. N’étant pas concernés par le snus en France, nous allons nous intéresser aux données sur le vapotage

La vape est incontournable dans la réduction des risques

Les vapoteurs ayant répondu à l’enquête étaient au nombre de 32000.

Parmi les vapoteurs ayant fumé, 83,5% ont totalement cessé de fumer. Dans le panel de vapoteurs, seuls 1,3% déclarent vapoter sans jamais avoir fumé. Ce qui tord le coup, une fois de plus, aux allégations sur l’attirance des non-fumeurs vers le produit.

L’ETHRA précise que, bien que 32000 personne ne représente pas toute la population de l’UE, l’échantillon est suffisamment significatif pour en déduire qu’un part importante de fumeurs est passée de la cigarette à la vape. 

Pourquoi adopter la vape ?

  • 97% des vapoteurs ont déclaré que la réduction des risques et l’amélioration de la santé étaient importants dans leur démarche de passage à la vape.
  • Le fait de pouvoir ajuster à sa guise sa façon de vapoter est aussi une raison majeure dans l’adoption de la vape pour 82,6% des personnes
  • 78% déclarent que la diversité des arômes ont joué un rôle important pour l’adoption du dispositif.
  • Les raisons financières sont importantes ou très importantes pour 64,9% des participants.
  • La consommation de nicotine arrive en 7e intention avec 47,7% des participants. Peut-être par méconnaissance sur le sujet de la nicotine alors qu’il est primordial au final.
  • Bon dernier du classement, arrive l’effet de mode, pour 3,4% des personnes. Là aussi, on voit que certaines allégations tombent à l’eau.

Les restrictions réglementaires

L’Union Européenne est soumise à une directive de la Commission Européenne en matière de produits du tabac. Cette directive s’appelle TPD, pour Tobacco Product Directive. Aujourd’hui, la TPD en est à sa deuxième version et une troisième est en cour d’élaboration. La version 2, entrée en vigueur courant 2016, a contraint les vapoteurs à certaines restriction concernant les produits afférents.

La limitation des e-liquides nicotinés à 20mg/ml

Au-delà de 20mg/ml, le taux de nicotine devient produit pharmaceutique. Or, on constate aujourd’hui qu’aucun labo pharmaceutique ne propose de produit de vape en concentration de plus de 20mg/ml. A vrai dire, ils ne proposent même rien du tout.

24,1% des vapoteurs ont déclaré qu’ils consommeraient moins d’e-liquides si on augmentait le taux de nicotine.

Parmi les consommateurs hybrides (vapoteurs et fumeurs à la foi), 30,3% pensent pouvoir arrêter de fumer si cette limite était relevée. L’ETHRA rappelle qu’en 2013, 21,5% des vapoteurs étaient au-delà de 20mg/ml en première instance.

En résumé, cette limite est un frein à l’adoption de la vape pour les fumeurs ou les hybrides autant qu’elle augmente la consommation de e-liquide pour les vapoteurs actuels.

Consommation moyennes vapoteurs

Le contenant maximal de 10ml pour liquides nicotinés

Cette limites a des conséquences directes sur la consommation de e-liquide parmi les vapoteurs.

L’enquête montre une nette augmentation de la consommation moyenne de e-liquide par les vapoteurs. La précédente enquête, menée en 2013, faisait état d’une consommation moyenne de 3ml par jour pour du 12mg/ml et aujourd’hui, nous sommes à 10,2ml pour 4,9mg/ml. Ceci est principalement dû à la limitation des contenants.

En effet, avant la TPD-V2, on pouvait trouver de grands formats (30, 50 ou 100ml) déjà nicotinés. Le grand contenant revient moins cher. Pour pallier à la limitation, les fabricants de e-liquides ont continué à distribuer de grands contenants, non-nicotinés, en proposant des boosters à côté. C’est à dire des fioles de e-liquides non-aromatisés, dosés à 20mg/ml. On peut ainsi mélanger le booster avec son e-liquide afin de lui apporter la nicotine. Les fabricants augmentent la teneur en arôme pour pallier à la dilution de leurs recettes. Le problème, c’est qu’il y a une limite à ce système. Pour contenter la majorité des vapoteurs, les fabricants ont opté pour un équilibre des recettes avec 6mg/ml (soit 2 boosters pour 50ml de e-liquide). Ce faisant, les vapoteurs optant pour ce système vont se sous-doser en nicotine. Avec l’effet bien connu de l’auto-titration, le vapoteur va consommer beaucoup plus de liquide pour compenser le manque de nicotine.

87% des vapoteurs ont déclaré préférer les grands flacons nicotinés s’ils étaient disponible.

90% des répondants ont déclaré qu’ils étaient préoccupé par la quantité de déchets plastiques et que les grands flacons avaient leur préférence pour cela. Près de 50% n’achèteraient plus de flacons à booster si la limite de 10ml était levée.

 

Limitation à 10ml

Une entrave à l’arrêt du tabac

Cette étude montre qu’une grande partie des fumeurs aimeraient arrêter de fumer mais que la réglementation européenne constitue un obstacle à cette volonté. La France n’est pas le pays le plus mal loti, loin s’en faut. La TPD est un cadre réglementaire que les états membres de l’UE doivent appliquer en droit national, à minima. Rien n’empêche d’aller plus loin. C’est ce qu’on fait certains états avec des taxes supplémentaire, la suppression des arômes sauf tabac et menthes, des restrictions d’accès voire carrément des interdiction comme en Hongrie.

L’eurobaromètre 506 de 2020 que plus des deux-tiers des européens aimeraient arrêter de fumer.

Les fumeurs désirant arrêter

La TPD-V3

La Commission Européenne a estimé que la réglementation envers le vapotage n’était « plus adaptée » aux enjeux futurs, notamment par rapport à la CCLAT émanant de l’OMS. En ce sens, elle prépare une version 3 de la TPD dans laquelle il est question d’accentuer les restrictions, notamment au niveau de la variété des arômes et des taxes d’accises supplémentaires sur les e-liquides y compris les non-nicotinés, à l’instar du tabac fumé. L’enquête de l’ETHRA révèle que ce serait un non-sens total. Pour le moment, cela reste une hypothèse. Peut-être que l’enquête de l’ETHRA fera réfléchir les commissaires européen sur le bien-fondé de cette nouvelle réglementation. Beaucoup de conséquences néfastes pourraient découler de ces nouvelles entraves à la vape, comme, par exemple, le marché noir ou le retour au tabac fumé.

Les restriction des arômes serait un frein considérable à l’attractivité de la vape. Ce choix est crucial dans l’envie des fumeurs à « switcher » vers le vapotage. De même, les taxes d’accises rendraient la vape bien moins intéressante du point de vue financier.

Tout cela est fondé sur des conclusions erronées vis à vis du vapotage, alimentée par une ignorance incompréhensible de la science. Ce ne sont pas les études qui manquent pour démontrer le potentiel de la vape dans la lutte contre le tabagisme. La Commission Européenne fait fausse route en se basant, en plus, sur un rapport commandité par elle-même, pour connaître l’état des connaissances sur la vape ; le fameux rapport SCHEER. Rapport qui n’apporte strictement rien aux aberrations que nous connaissons tous.

Conclusion

L’ETHRA exhorte la Commission Européenne à réviser ses positions et de bien prendre en compte les conséquences de décisions délétères pour les 448 millions d’européens. Cette étude montre bien ce qu’il en est déjà avec la TPD-V2. Il serait donc souhaitable de faire plutôt marche-arrière avec la TPD-V3 plutôt que de continuer à durcir sa politique de lutte contre la vape. C’est pourtant ce qu’a parfaitement compris le Royaume-Uni, dont le taux de fumeurs nous mets systématiquement à l’amende.

On le voit, la majorité des européens est sensible à la question de la réduction des risques. Les restrictions existantes ont déjà des conséquences qui pourraient être évitées. C’est pourquoi l’ETHRA demande à ce que les autorités de santé de l’UE en finissent avec ces politiques nocives pour la santé publique.