UK : Rapport du Royal College of Physicians – sans tabac avec la vape


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Le RCP ou Royal College of Physicians vient de publier un copieux rapport, de 169 pages, présentant un état des lieux sur la politique de prévention du tabagisme ainsi qu’un projection sur 30 ans avec des objectifs clairs. On le sait depuis longtemps, le Royaume-Uni est très en avance sur la France en matière de prévention du tabagisme. Pour autant, ils ne sont pas sortis d’affaire. Mais, à la différence de l’Union Européenne, les autorités de santé anglaises ont une politique dans laquelle la vape est, bien évidemment, incluse.

Acronymes :

  • RCP : Royal College of Physicians
  • CSP : Catégorie Socio-Professionelle
  • OMS : Organisation Mondiale de la Santé.
  • CCLAT : Convention Cadre de Lutte Anti-Tabac
  • TPD : Tobacco Product Directive

Les objectifs

Le moins que l’on puisse dire, c’est que nos voisins d’outre-Manche ne sont pas en accord, concernant le vapotage, avec ce que prépare l’UE à l’aide de son rapport SCHEER ; rapport dont la version définitive vient de sortir et qui menace l’expansion du vaporisateur personnel comme moyen de réduction des risques.

L’objectif premier, pour le Royaume-Uni, est d’atteindre une réduction de la prévalence tabagique à moins de 5% de la population d’ici à 2030, avec, en ligne de mire, une éradication totale en 2050. L’objectif est ambitieux. Le RCP souligne que le plus gros effort doit se se concentrer sur la population la moins favorisée. Il est en effet bien connu que la prévalence la plus élevée se situe dans cette partie de la population. A l’échelle mondiale, la prévalence tabagique a considérablement baissé depuis 20 ans, mais il reste encore 20% de fumeurs, soit 1,3 milliard d’individus consommant un produit dont on sait qu’il est mortel.

La politique d’augmentation des prix, entamée en 1962, est reconnue comme une mesure efficace dans la baisse du tabagisme mais elle pénalise les moins favorisés. Et ce fut d’ailleurs un frein aux augmentations trop brutales des prix du tabac. Même si la consommation a baissé dans cette CSP, l’objectif des moins de 5% sera difficile à atteindre en l’état actuel des politiques de prévention d’ici à 2030 et même à 2050.

Aussi, il apparaît important de proposer et promouvoir les alternatives à moindre risque face au tabac combustible. Bien entendu, le vaporisateur personnel fait partie des substituts nicotiniques à inclure dans cette stratégie. Stratégie qui semble jurer avec l’OMS et sa CCLAT dont l’objectif semble plutôt tourné vers l’éradication du vapotage.

Concernant le vaporisateur personnel, le RCP est très favorable à son usage en tant que substitut au tabac combustible, rejoignant en cela d’autres institutions britanniques. Il est clair aujourd’hui, que le vape contribue à la baisse de la prévalence tabagique.

Pour ce qui est du vapotage chez les mineurs, on constate une disparité selon les pays. Le vapotage est rare chez les jeunes au Royaume-Uni (comme en France) et quasiment exclusif aux fumeurs. Ce qui est différent aux USA. Cela dit, les outils de surveillance restent aux aguets. En tout cas, il est certain que le risque de fumer est beaucoup moins important à la première utilisation de la vape qu’avec la première cigarette. Plusieurs études ont montré que l’utilisation de la vape en première instance chez les jeunes est décrite comme une mode pour laquelle l’intérêt diminue avec le temps.

Les propositions

Le RCP propose de réfléchir aux interdictions de vapoter dans les lieux publics. Certes, l’aérosol exhalé peut déranger d’autres personnes, visuellement ou par le parfum du e-liquide, mais, mis à part ça, on constate que c’est trop souvent lié à une perception erronée du vapotage, du rôle de la nicotine et de son efficacité dans le traitement du sevrage. Ceci pourrait déboucher sur une obligation du vapoteur à retourner dans un espace réservé aux fumeurs et, par là-même, courir un gros risque de rechute. Nous parlons ici de lieux publics intérieurs. Pour ce qui est des lieux publics extérieur, cela ne semble pas avoir de sens. En tout état de cause, le RCP suggère de se poser les bonnes questions et de légiférer de façon raisonnée et moins coercitive.

Parmi les propositions du RCP, on peut citer :

  • L’encouragement, via des campagnes médiatiques, à se tourner vers cette alternative à moindre risque.
  • Corriger publiquement les perceptions erronées sur le vapotage par rapport au tabac fumé, décourageant, en cela, les consommateurs de passer à la vape
  • Proposer le vapotage dans les protocoles standards de traitement à la dépendance au tabac dans les services de santé
  • Réduire le taux de TVA sur les produits de substitution. Par ex : 0% sur les TSN et 5% pour les produits de la vape (au Royaume-Uni, la vape est un outil de substitution en tant que tel)

Conclusion

Quand on regarde ce qui se passe au niveau européen, on ne peut que constater le gouffre avec ce qui se passe au Royaume-Uni. La préparation de la TPDv3 semble nous diriger vers une mise en place de taxes d’accise pour les e-liquides, voire une interdiction des arômes autres que tabac et menthe ; suivant en cela les errements de l’OMS. En gros, c’est le contraire de ce que fait le Royaume-Uni qui, ne faisant plus partie de l’UE, ne sera pas soumis à cette nouvelle TPD. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-même : la prévalence outre-manche est presque à la moitié de celle de la France. Cherchez l’erreur…

Source : https://www.rcplondon.ac.uk/projects/outputs/smoking-and-health-2021-coming-age-tobacco-control