Le 29 septembre 2022, sortait la 8e édition du rapport annuel du PHE britannique, mis à jour selon les preuves disponibles. Ce rapport est publié depuis 2015, date à laquelle le PHE avançait le fameux chiffre de 95% de dangers en moins lorsque l’on vapote plutôt que lorsque l’on fume.
Le rapport du PHE est tout ce qu’il y a de plus officiel au Royaume-Uni. Il n’y a donc pas de soupçons de collusions ou de conflits d’intérêts à y voir. Ce rapport PHE 2022 est une revue systématique indépendante dirigée par des universitaires du King’s College de Londres et un groupe de collaborateurs internationaux. Il s’agit, pour faire simple, d’une méta-analyse des études les plus sérieuses, basées sur les preuves, concernant les risques du vapotage pour la santé.
Le rapport PHE 2022 examine principalement les données sur l’exposition humaine au vapotage, complétées par les résultats d’études animales et cellulaires. Il fournit les preuves les plus solides à ce jour sur les risques sanitaires du vapotage. Le rapport PHE évalue également les risques relatifs du vapotage par rapport au tabagisme, ainsi que les risques absolus du vapotage en regard de l’absence de vapotage ou de tabagisme. Il en ressort les points suivants :
- Vapoter présente une fraction des risques du tabagisme
- Vapoter n’est pas sans risque du tout. Cela concerne essentiellement les personnes n’ayant jamais fumé.
- Les preuves, dans l’état actuel des choses, sont limitées au court et moyen terme. Des études à plus long terme (plus de 12 mois) demeurent nécessaires.
- Afin d’améliorer l’interprétation des preuves, des méthodologies plus standardisées dans les futures études sont souhaitées.
Les biomarqueurs d’exposition aux substances toxiques sont mesurent les niveaux de substances potentiellement dangereuses dans le corps. Les preuves examinées sont :
- Une exposition significativement plus faible pour le vapotage par rapport au tabagisme. Les biomarqueurs associés aux risques de cancers et d’affection respiratoires le montrent.
- Une exposition similaire ou supérieure aux produits nocifs pour les vapoteurs par rapport à la non-utilisation des produits à base de nicotine.
- Pas d’augmentation des biomarqueurs de substances toxiques après une exposition secondaire (vapotage passif) de courte durée au vapotage pour les non-fumeurs/non-vapoteurs.
Les biomarqueurs de dommages potentiels mesurent les changements biologiques dus à une exposition au tabac fumé ou à la vape. Cette revue a examiné de nombreuses études sur ces biomarqueurs mais l’équipe n’a pu en tirer que des conclusions limitées. Cependant, les meilleurs études évaluant les risques à court et moyen terme n’ont pas démontré des causes majeures d’inquiétude liées au vapotage.
Prévalence du tabagisme et du vapotage
Jeunes
Concernant le Royaume-Uni, les dernières données de l’enquête ASH-Youth 2022 montrent que :
- La prévalence du tabagisme actuel (y compris le tabagisme occasionnel et régulier) est de 6 % en 2022, contre 4,1 % en 2021 et 6,7 % en 2020
- La prévalence actuelle du vapotage (y compris le vapotage occasionnel et régulier) est de 8,6 % en 2022, contre 4 % en 2021 et 4,8 % en 2020.
- La plupart des jeunes qui n’ont jamais fumé ne vapotent pas non plus actuellement (98,3 %).
- L’utilisation des produits de vapotage jetables a considérablement augmenté, 52,8 % des fumeurs actuels les utilisant en 2022, contre 7,8 % en 2021 et 5,3 % en 2020.
Adultes
Les sources viennent de plusieurs études au niveau national sur les adultes du Royaume-Uni. Il en ressort que :
- La prévalence du tabagisme en Angleterre en 2021 se situait entre 12,7 % et 14,9 % selon l’enquête, ce qui équivaut à 5,6 à 6,6 millions d’adultes fumeurs.
- La prévalence du vapotage en Angleterre en 2021 était comprise entre 6,9 % et 7,1 %, selon l’enquête, ce qui équivaut à 3,1 à 3,2 millions d’adultes qui vapotent.
- La prévalence du tabagisme chez les adultes qui n’ont jamais fumé est restée très faible, entre 0,6 % et 0,7 % en 2021.
- La popularité des produits de vapotage jetables a augmenté parmi les adultes qui fument, 15,2 % d’entre eux les utilisant en 2022, contre 2,2 % en 2021.
- Les produits de type réservoir restent les dispositifs de vapotage les plus populaires (utilisés par 64,3 % des adultes fumeurs en 2022)
- Les produits de vapotage restent l’aide la plus utilisée par les personnes pour les aider à arrêter de fumer.
- Dans les services d’aide à l’arrêt du tabac en 2020 et 2021, les tentatives d’arrêt du tabac impliquant un produit de vapotage étaient associées aux taux de réussite les plus élevés (64,9 % contre 58,6 % pour les tentatives n’impliquant pas de produit de vapotage).
- Les données des services d’aide à l’arrêt du tabac sont cohérentes avec les dernières données de la revue systématique Cochrane Living sur les cigarettes électroniques pour l’arrêt du tabac, qui montre également que le vapotage est efficace pour arrêter de fumer.
Arômes
Les arômes fruités sont les plus populaires suivis par le couple menthol/menthe. Globalement, les preuves manquent quant au potentiel risque des arômes sur la santé. Un arôme est d’ailleurs source de préoccupation : le cinnamaldéhyde (arôme cannelle). Le PHE recommande donc de revoir son utilisation dans les e-liquides. Il existe des preuves limitées que certains arômes seraient susceptibles de modifier les réponses cellulaires (d’après les études animales et cellulaires). En précisant toutefois que le risque est bien moindre que l’exposition à la fumée de tabac.
Nicotine
Généralement, les produits du vapotage offrent des niveaux inférieurs de nicotine comparé au tabac fumé. Cependant, les vapoteurs expérimentés peuvent atteindre des niveaux similaires. [NDLR : en revanche, la cinétique est beaucoup plus lente et il n’y a donc pas de « rush » de la nicotine.]
Selon les données existantes, le risque et la gravité de la dépendance sont bien moindres avec la vape mais ils varient avec le taux de nicotine des e-liquides et le matériel. [NDLR : la dépendance physique n’explique pas, à elle toute seule, l’addiction au tabac fumé. Il est dommage que le rapport ne mentionne pas les facteurs psychologiques et comportementaux.]
Perception des dommages
Pour l’année 2021, 34% des adultes fumeurs pensaient, à raison, que la vape est moins nocive que la cigarette. En revanche, seulement 11% savaient que les risques du tabagisme n’était pas dus (ou de manière infime) à la nicotine. Le PHE recommande de s’attaquer au sujet de la désinformation et de la mauvaise perception des dangers du tabagisme. De fait, les preuves examinées révèlent que :
La perception du public vis à vis des supposés méfaits du vapotage peut influencer son comportement ultérieur envers tabagisme et vapotage.
La communication d’informations précises et exactes sur la vape peut aider à en corriger la perception erronée ; particulièrement chez les adultes.
Les campagnes mettant en lumière les méfaits absolus du vapotage doivent être revues afin de ne pas désinformer les gens (surtout les fumeurs). Ces campagnes, quelque peu outrancières sont destinées à dissuader les jeunes de venir au vapotage. Mais il ne faudrait pas que cela ait des répercussions sur les encouragements à apporter aux fumeurs et sur les méfaits très très relatifs de la vape par rapport au tabac fumé.
Conclusion
Huitième rapport, huitième conclusion identique. La vape est au minimum 95% moins dangereuse que le tabac. Les autorités de santé anglaise sont, pour ainsi dire, les seules à communiquer officiellement sur l’opportunité de la vape dans une politique de sevrage tabagique. Nous pourrions dire que c’est le pragmatisme anglo-saxon, mais quand ton constate ce qui se passe aux USA, on peut se dire que ceci n’explique pas cela. C’est le moins que l’on puisse dire.
Côté français, on fait toujours la sourde oreille en soufflant le chaud et le froid sur le sujet de la vape. Et surtout le froid. Le dernier rapport du HCSP ainsi que les dernières recommandations du ministère de la santé sont pour le moins décevantes dans leur ensemble ; ce qui pourrait être à la limite du scandale sanitaire tant l’ignorance des preuves est affichée. On se souvient des propos de Marisol Touraine, alors ministre de la santé, soutenant que l’exemple anglais n’était pas à suivre. Les résultats sont pourtant là. Les anglais ont deux fois moins de fumeurs que nous. CQFD. S’agirait-il d’un orgueil mal placé ou bien … autre chose ? Après, il y a les discours officiels et la réalité de terrain. Les professionnels de santé ont clairement vu le potentiel de la vape dans leur arsenal de réduction des risques. Donc, pas de panique non plus. La plupart de nos médecins savent de quoi il retourne et nous en sommes les témoins à La Vape Du Cœur.