La diminution de l’exposition aux substances toxiques avec la e-cigarette se confirme


 

Cigarette et poumons

En écho à l’étude de l’Institut Pasteur, réalisée en 2021, une étude américaine, parue le 10 février dernier, propose de mesurer l’exposition aux substances toxiques associées à l’usage et aux transitions entre les cigarettes, les e-cigarettes et les non-fumeurs. Cette étude cherche à mesurer l’impact des substances toxiques sur un spectre plus large que celle de l’Institut Pasteur. Elle utilise, pour cela, l’étude PATH américaine amenant un large échantillon de sujets, sur une période de deux ans (entre 2013 et 2015). Traduction ici.


Objectif de l’étude

La vape fait toujours l’objet de beaucoup d’attention. Cette étude, menée entre autre, par Neil Benowitz, se propose de réaliser des mesures sur 55 marqueurs biochimiques urinaires d’exposition (BOE) à des constituants nocifs ou potentiellement nocifs des sujets. Ces sujets sont des participants à l’étude PATH, une étude longitudinale nationale, à grande échelle, sur le tabagisme et ses effets sur la santé des personnes aux États-Unis. Les participants étaient au nombre de 3211. Les participants furent divisés en trois groupes : fumeurs exclusifs, vapoteurs exclusifs et double-usage.

Pour ce qui concerne les composés mesurés, on retrouve les métabolites de la nicotine, les TSNA ou nitrosamines spécifiques du tabac (y compris le 4-(méthylnitrosamine)-1-(3-pyridyl)-1-butanol [NNAL]), les métaux, les HPA ou Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques et les COV ou Composés Organiques Volatiles. Tout cela représente un beau panel des cochonneries que l’on retrouve dans la combustion des feuilles de tabac (et pas dans le tabac en tant que plante verte).

Ce qui est intéressant dans cette étude, c’est que le suivi des participants se fait sur un an avec comme but de mesurer les changements chez les adultes fumeurs basculant vers la vape.

Les mêmes causes donnent les même effets

Ce qui affole les autorités de santé américaine, c’est le fait que le nombre de vapoteurs augmente d’année en année dans le pays. De la même façon, le risque de basculer de la vape au tabagisme, ou « effet passerelle » est un sujet qui revient constamment. On ne dissertera pas sur ces points puisque maintes fois abordés depuis longtemps sur ce blog. La question à se poser reste toujours : si l’on remplace le tabac fumé par la vape, n’est-ce pas là la meilleure chance de diminuer les maladies dues au tabagisme qui en reste, quoi qu’il en soit, un contributeur net très problématique. Dans ce cas, il est intéressant de mesurer les composés cités plus haut pour mesurer objectivement l’impact de la transition du tabac fumé vers le vapotage.

D’autres études, dont celle de l’Institut Pasteur et une étude canadienne ont déjà démontré cela. Abondance de biens ne nuisant pas, essayons d’élargir le spectre des mesures.

Résultats

Sans rentrer dans les détails des tris sociodémographiques et de transitions cigarettes <-> e-cigarettes, les résultats se classent selon trois catégories :

  • utilisateurs doubles de cigarettes et d’e-cigarettes au départ
  • utilisateurs exclusifs d’e-cigarettes au départ
  • utilisateurs exclusifs de cigarettes au départ

Utilisateurs doubles de cigarettes et d’e-cigarettes au départ

En moyenne, les utilisateurs doubles présentaient une baisse significative des TSNA, HPA et COV en passant vers l’usage exclusif de la vape (ou bien l’arrêt total). Par exemple; le NNAL, qui est un TSNA, a diminué de 96%. Les biomarqueurs multiples des COV ont diminué de plus de la moitié lorsque les utilisateurs doubles sont passé à l’usage exclusif de la vape lors du suivi.

Utilisateurs exclusifs d’e-cigarettes au départ

Les niveaux de concentration moyenne pour les TSNA, HPA et COV ont significativement augmentés lorsque les vapoteurs exclusifs sont passé au tabac fumé exclusif ou à l’usage double ; ceci répondant au point ci-dessus. Lorsque les participants sont passés de l’usage exclusif de la vape vers l’usage exclusif du tabac fumé, le biomarqueur de COV a augmenté de 621% et celui des HPA a augmenté de 155%.

Utilisateurs exclusifs de cigarettes au départ

Pour les fumeurs, le passage à la vape montrait un niveau de TSNA, HPA et COV considérablement plus faible. Le NNAL diminuant de 92% et l’acroléine de 57%. Là ou ça devient intéressant, c’est que les fumeurs passant à un usage double ne montrent pas de différences significatives.

Conclusion

Les résultats de mesures de biomarqueurs urinaires d’exposition ont montré que, lorsque l’on passe du tabac fumé exclusif au vapotage, les concentrations de NNAL, HPA et COV ont très significativement diminué. Par exemple, 92% pour les NNAL avec les utilisateurs exclusifs de cigarettes au départ (96% pour les double-usagers). En regard, ces concentrations ont très fortement augmenté en passant de la vape à la cigarette. Logique. Si vous souhaitez des chiffres plus précis, vous pouvez vous reporter aux tableaux fournis dans la traduction de l’article.

Tout comme le montre les deux études précédentes, la diminution d’exposition aux composés toxique du tabac est très significative lorsque l’on passe au vapotage. Ce que l’étude souligne également, en marge des mesures effectuées, c’est que 25% des vapoteurs de départ ont arrêté de fumer un an plus tard, alors que 5,3% sont passés au tabac fumé exclusif et 13,1% à l’usage double.

Cette étude montre également que l’usage double n’apporte pas grand-chose de significatif ; il vaut largement mieux passer à la vape exclusive si l’on souhaite parler de réduction des risques. D’autant que les « double-usagers » ont tendance à le rester à 37,9% ou sont revenus à l’usage exclusif de la cigarette (49,1%). C’est pourquoi il est crucial que le vapoteur débutant soit bien pourvu en nicotine et avec un arôme qui lui plait.

Source : Exposure to Toxicants Associated With Use and Transitions Between Cigarettes, e-Cigarettes, and No Tobacco