Etudes sur la vape : trop d’erreurs méthodologiques


 

Echec de la science

Nous le savons, cela fait des années que la vape se fait régulièrement démolir dans les médias. A l’appui de ces articles, on trouve une kyrielle d’études dont la méthodologie, les discussions et les conclusions s’avèrent, au mieux peu fiable, au pire trompeuses. Dans cette analyse, les chercheurs se sont rendu compte que la littérature concernant les effets du vapotage sur la santé comportait de graves lacunes et un manque d’adhésion à la méthode scientifique. Tout cela a de graves conséquences sur les politiques de lutte contre le tabagisme ainsi que sur la perception de la vape auprès du grand public. Traduction de l’article ici.


Méthode

A partir du moteur de recherche Google Scholar, les chercheurs ont obtenu une liste d’articles dit « populaires » dans le sens où ils sont souvent cités et/ou en lien dans des articles de presse à visée grand public, d’autres publications ou bien dans des discussions politiques. Google Scholar a été retenue comme méthode de recherche car ce moteur est très fréquemment utilisé par les décideurs politiques, les groupes de défense, les professionnels de santé et les groupes de patients. A partir de 24 articles, les chercheurs ont analysé les études sur trois sujets :

  • les effets du vapotage sur l’arrêt/la réduction du tabagisme
  • les effets du vapotage sur l’initiation au tabagisme
  • les résultats de santé associés au vapotage

Ensuite, les chercheurs se sont attelés à l’analyse des études avec 4 questions :

  1. L’étude décrit-elle clairement la méthode d’investigation des liens de causalité ? Les normes scientifiques exigent que les chercheurs spécifient une hypothèse causale et décrivent un plan d’étude et des méthodes de collecte de données pour étudier cette hypothèse. Si les chercheurs se contentent de discuter d’une association causale et de présenter des données statistiques sans établir de lien de causalité, nous soulignons ces lacunes.
  2. La conception de l’étude et les méthodes de recherche étaient-elles suffisamment robustes pour contrôler les facteurs de confusion ?
  3. Les résultats soutiennent-ils les conclusions énoncées, sans exagération ?
  4. Les chercheurs présentent-ils un langage ou des données qui induisent en erreur, ou omettent-ils de reconnaître des limites importantes ?

Résultats

Pour le premier sujet : effets du vapotage sur l’arrêt et la réduction du tabagisme, l’étude critique a révélé de nombreuses failles. Par exemple, sur les liens de causalité étudiés, souvent faussés. De même, les critères d’inclusion/exclusion sont erronés. Au final, on constate que ces études n’ont généralement pas la spécificité nécessaire pour établir une association causale entre vapotage et sevrage tabagique.

Pour le second point : effet du vapotage sur l’initiation au tabac, on touche à un sujet très souvent avancé par les anti-vape ; le fameux effet passerelle. Il s’avère que cette association causale est souvent retenue comme étant prouvée par des données d’études alors qu’il n’en est rien. Cela fait longtemps que l’effet passerelle est discuté et les études analysées ici ne disposent pas de méthodes de recherche solides. Par conséquent, on ne peut pas établir de manière fiable que le vapotage conduit au tabagisme ultérieur.

Pour le troisième point : épidémiologie du tabagisme, du vapotage et des résultats pour la santé, là encore, on observe de nombreuses lacunes. La première étant la non prise en compte du tabagisme antérieur. Ce point fut l’objet d’une vive contradiction lors de la parution d’un article signé par Stanton Glantz et qui a du être rétracté par la revue scientifique l’ayant publié (le Journal of American Heart Association). De même, le double-usage n’est pas pris en compte, ce qui constitue une faute majeure de méthodologie. On peut également citer le fait qu’il faut aussi tenir compte également de l’effet de seuil. Une substance se révèle dangereuse selon la quantité relative et le temps d’exposition. « Tout est poison, rien n’est poison, seule la dose fait le poison » (Paracelse). Si une substance potentiellement dangereuse est révélée lors de l’analyse, quelle en est la quantité par rapport au tabac combustible et quel est le seuil de toxicité ? Par exemple : les molécules cancérigènes émises lors de la combustion du tabac. L’étude de l’Institut Pasteur en 2021 a montré que la vape en émettait 99% de moins que la cigarette.

Conclusion

A la lecture des études analysées, ont se rend compte que les limites l’emportent largement sur les preuves. Ces défauts courants et évitables devraient être identifiés afin de servir de guide aux chercheurs, évaluateurs, rédacteurs scientifiques, journalistes et décideurs politiques. Il est plus que temps que les études s’appuient sur de vraies méthodes scientifiques afin de ne pas tromper le public et les décideurs. Entre idéologies douteuses et influences néfastes, le tabagisme demeure un problème majeur de santé publique tuant un fumeur sur deux.

Source : Analysis of common methodological flaws in the highest cited e-cigarette epidemiology research