Étude : toxicité fœtale de la vape avec des souris enceintes empoisonnées


 

Souris de labo

Les études contradictoires n’en finissent pas de sortir concernant le vapotage. Cette fois-ci, il s’agit d’une étude publiée dans l’American Journal of Physiology. Cette étude tente de démontrer que vapoter  pendant la grossesse affectera sérieusement les poumons de vos futures progénitures. Les chercheurs se sont donc attelés à étudier la toxicité de la vape sur des souris de laboratoire. Et, nous allons le voir, les méthodes sont assez contestables.


Contexte

Il est évident que l’environnement in utero est sensible à l’exposition des toxiques pouvant altérer la santé et la croissance du nourrisson. De récentes données cliniques ont démontré que l’usage de la vape pendant la grossesse ne nuit pas plus à l’enfant qu’un patch à la nicotine. Les études sur le sujet portent sur les conséquences de l’exposition à la nicotine. Mais des chercheurs se sont demandé de ce qu’il en était de la vapeur elle-même. Rappelons tout de même que fumer pendant la grossesse comporte des risques avérés : faible poids à la naissance, fausse couche (risque x 2), naissance prématurée (risque x 0,25) et mort subite du nourrisson.

Méthode

Pour cette étude, les chercheurs ont pris un panel de souris, mâles et femelles, qui furent exposées, soit à de l’air filtré, soit à du e-liquide vaporisé 50/50-0mg, soit du e-liquide vaporisé 50/50 à 20mg. Le tout pour un débit de 2 litres/minute.

Le taux de nicotine a été choisi comme étant une moyenne de consommation humaine située entre 3mg/ml et 50mg/ml. Et oui, aux USA, le taux maximum de nicotine peut grimper jusqu’à 60mg. C’est juste énorme pour un si petit organisme mais passons ; le but de l’étude était de mesurer l’exposition à la vapeur.

Le dispositif était un kit Evic Mini de 70W. Les souris femelles ont été exposées à la vapeur à raison d’une bouffée par minute, 4H par jour et 5 jours par semaine. Chaque bouffée durant 3s. Soit 240 bouffées par jour. Et ce, durant tout le temps de la gestation, soit une vingtaine de jours. 

Résultats

Sans surprise, les résultats sont alarmants. On peut se dire que c’était bien le but recherché. Les observations ont été réalisées sur les petits pendant 5 mois après l’accouchement. Le premier constat est que les souris femelles avaient un poids corporel plus élevé que celles provenant du groupe témoin non-exposé. En revanche, pas les mâles. Etonnant …

Toutes les souris exposées à la vapeur d’e-cigarette in utero présentaient des dysfonctionnements pulmonaires. Précision : que la vapeur fut nicotinée ou non.

La fibrose pulmonaire augmente chez toutes les souris exposées à la vapeur.

Les souris exposées à la vapeur d’e-cigarette in utero présentent une hyperplasie accrue des cellules caliciformes

La conclusion peut être résumée en une phrase de cette étude : « Nous décrivons des changements clairs qui démontrent que fumer des e-cigarettes avec et sans nicotine pendant la grossesse est préjudiciable à la structure et à la fonction pulmonaire de la progéniture adulte ».

Alors, nous allons regarder cela de plus près. Quand une étude vient à ce point contredire toutes les conclusions connues et reconnues de par le monde, on est en droit de se poser des questions.

Une surexposition

Tout d’abord, l’exposition utilisée par les chercheurs correspondait à celle d’un vapoteur moyen … humain. Si on prend un individu moyen de 70kg et une souris de labo pesant environ 20g, nous sommes sur un facteur x 3500. Imaginons simplement le même ratio d’exposition à l’échelle humaine. Ca voudrait dire quoi ? Que l’on devrait vapoter 800 000 bouffées de 3s par jour ??? C’est juste impensable. Et ce nest pas la première fois que des études sont conduites en ne « proportionnalisant » pas l’exposition.

Les proportions

Personne n’a jamais affirmé que la vaporisation de e-liquide était totalement sans production de produits toxiques. Mais, et il faut le répéter inlassablement : dans quelles proportions ? Encore une fois, il faut toujours avoir en tête la célèbre phrase de Paracelse : « tout est poison, rien n’est poison, seule la dose fait le poison ». Par exemple : l’eau, c’est la vie. Elle est indispensable à tout le monde. Mais on peut tout à fait tuer quelqu’un avec de l’eau. Juste de l’eau, pure et claire sortant des volcans d’Auvergne. Il suffit d’en boire 10 litres d’un coup, et l’on fait une hyperhydratation dont les conséquences sont sévères : baisse brutale d’électrolytes et œdème cérébral. De fait, une surchauffe du e-liquide pourra également provoquer une augmentation des composés toxiques. Mais même dans un cas comme celui-là, cela restera très très en-dessous de la toxicité de la fumée de cigarette. En usage normal, la proportion est encore bien inférieure. Si l’on prend les molécules toxiques bien connues que sont les Carbonyls et les COV (Composées Organique Volatils), par exemple, la diminution, avec le passage au vapotage, est de 99% au moins (voir étude de l’institut Pasteur de 2021).

De l’usage des résistances

De plus, il n’est fait aucunement mention de la résistance utilisée lors des tests ni de la puissance réelle mise en œuvre. Tout les vapoteurs le savent, chaque résistance à une plage de puissance bien déterminée. Tout ce qu’on l’on sait, c’est que le débit de vapeur était de 2L par minute.

Dès lors, qui nous dit que la résistance n’était pas en surchauffe et, de ce fait, en dry-hit. Rappelons-le, le dry-hit est hyper désagréable et douloureux et est dû à la combustion du coton de la résistance. Le e-liquide, par son évaporation, permet de refroidir l’élément de chauffe de la résistance. Si l’on dépasse les caractéristiques de cette dernière, la puissance est trop élevée et l’évaporation de e-liquide ne suffit plus à refroidir suffisamment la résistance ; il y a surchauffe et le coton brûle. Il est impossible, pour le vapoteur, d’inhaler cela. C’est extrêmement toxiques et douloureux. Votre organisme vous avertit instantanément lorsque cela arrive.

D’autre part, le débit d’air contribue également au refroidissement de la résistance. On peut tout à fait imaginer que les chercheurs ont dépassé la puissance requise ET n’ont pas adapté le flux d’air selon celle-ci. Et tout cela n’est en aucun cas précisé, ce qui est une faute méthodologique majeure. Et à ce propos, et si l’on interprète littéralement ce que dit l’étude, la puissance de sortie était de 70W. Or, les résistances Ego One du kit utilisé ne descendent pas en-dessous de 0,5Ω pour une puissance max de 35W. Si c’est bien comme cela que le kit a été utilisé, il y a effectivement un gros problème.

Conclusion

Tout cela montre une chose : la méthodologie de cette étude pose un réel (et très gros) problème. On peut tout faire dire aux chiffres avec des méthodes erronées. La conclusion de cette étude vient, une fois de plus, jeter l’opprobre sur le passage à la vape durant la grossesse. Sur la foi de méthodes douteuses, les services de santé se détourneront du vapotage comme moyen de substitution durant cette période. Et c’est ainsi que l’on peut lire, sur le site de Tabac Info Service, qu’il est recommandé de ne pas vapoter durant la grossesse. Sachant que certains médecins préfèrent dire aux femmes enceintes : « vous pouvez fumer une ou deux cigarettes par jour afin d’éviter un stress sur le bébé », on se pose de sérieuses questions. Finalement, tout cela fait écho avec le rapport du HCSP 2022 dont nous avons parlé ici il y près d’un an. Et ce n’est pas spécialement une bonne nouvelle.

Source :  https://journals.physiology.org/doi/epdf/10.1152/ajplung.00233.2022