Etude : Effets cardiovasculaires sur 24 heures vape vs cigarette chez les utilisateurs doubles


 

Cœur et fumée

Lors d’une étude, parue le 19 novembre 2020, un collectif de chercheurs autour de Neil Benowitz s’est attelé à mesurer les effets cardiovasculaires de la vape par rapport au tabac fumé sur une période de 24H. Cette étude compare les biomarqueurs connus des maladies cardiovasculaires du tabac fumé en les comparant avec la vape et l’abstinence totale. Beaucoup de gens pensent que la nicotine a des effets néfastes sur le fonctionnement cardiaque sans se rendre compte que c’est la fumée qui est toxique et non la nicotine. Certains fumeurs, candidats à la défume, décident même de se passer de nicotine lorsqu’ils basculent vers la vape. Ce qui demeure une erreur majeure dans la réussite du sevrage. Traduction de cet article ici.


Résumé

L’objectif principal de cette étude est donc de comparer les effets de l’utilisation normale de la vape et de la cigarette combustible pendant une journée et une nuit. Ici, point de tests en laboratoire avec des usages non-conformes à l’utilisation « standard » des sujets. Par le passé, une étude s’était avérée alarmante concernant le vapotage mais la méthode ne reflétait absolument pas une utilisation normale. L’étude présente se veut fidèle à la consommation des fumeurs et vapoteurs afin de mesurer les impacts des deux usages dans un contexte que nous qualifieront de « quotidien ». Les mesures effectuées concernent la fréquence cardiaque et la pression artérielle, pendant le jour et la nuit, ainsi que l’excrétion urinaire de catécholamines (indicateurs de la stimulation neurale sympathique). Des mesures secondaires sont également été menées sur des biomarqueurs d’autres mécanismes potentiels de MCV* ; notamment le stress oxydatif, l’activation plaquettaire et l’inflammation.

*Maladies CardioVasculaires.

Résultats

Niveaux de nicotine et de cotinine dans le plasma

Concentrations de nicotine dans le plasma

Dans l’ensemble, les niveaux de nicotine/cotinine sont nettement plus élevés avec le tabac fumé qu’avec le vapotage. La cotinine est un marqueur urinaire de la présence de nicotine dans le sang.

Fréquence cardiaque et pression artérielle

Mesures ambulatoires moyennes de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle

La fréquence cardiaque moyenne sur 24H est nettement plus élevée que le vapotage. On notera que la fréquence cardiaque demeure aussi plus élevée la nuit avec le tabac fumé et que celle-ci se normalise entre vapoteurs et abstinents. la pression artérielle, quant à elle, restait similaire entre vape et cigarette, les deux étant plus élevées que sans consommation.

Catécholamines urinaires et biomarqueurs de l’effet cardiovasculaire

Concentrations relatives des biomarqueurs urinaires de 24 heures au sein d’un même participant

Concentrations relatives de biomarqueurs plasmatiques au sein d’un même participant

Diminution des biomarqueurs de stress oxydatif et inflammatoires.

Conclusion

Concernant la nicotine, on constate que la concentration plasmatique est nettement moindre avec la vape qu’avec la cigarette, et ce, tout au long de la journée. La fréquence cardiaque est elle aussi bien moins élevée en moyenne avec la e-cigarette. On note cependant que, durant la nuit, l’augmentation moyenne du rythme cardiaque descend pour arriver au niveau d’un non-fumeur/non-vapoteur.

Concernant les biomarqueurs urinaire, on constate qu’il n’y a pour ainsi dire aucune différence à l’excrétion de l’épinéphrine, la norepinéphrine et la dopamine. En revanche, il y a une très nette différence sur le 8-isoprostane et le 11-dH-TxB2. Le 8-isoprostane est un biomarqueur de stress oxydatif et le 11-dH-TxB2, un biomarqueur prédictif potentiel des événements cardiovasculaires majeurs chez les patients à haut risque cardiaque (activation plaquettaire).

Pour ce qui est des biomarqueurs plasmatiques, là encore, on constate une très nette diminution de l’interleukine-6 et une diminution, moins importante, de l’interleukine-8. Ces deux biomarqueurs indiquent la présence d’inflammations.

Encore une fois, cette étude se proposait d’effectuer des mesures sur une période de 24H. Nous avons là une mesure sur une courte période et les auteurs précisent que ces résultats doivent être corroborés sur une plus longue période et un échantillon plus important de sujets. Certains biomarqueurs du tabagisme mettent un certain temps avant d’être éliminés et l’étude portait sur des utilisateurs doubles. Même si les mesures étaient effectuées pour une consommation donnée (et pas d’autres) sur 24H, il faut tenir compte des temps de métabolisation différents.

Mais sur une aussi courte période, on peut déjà constater une différence notable des effets cardiovasculaires entre vape et tabac fumé. 

Source : https://www.ahajournals.org/doi/full/10.1161/JAHA.120.017317