Étude : analyse de l’efficacité du vapotage pour les fumeurs sans objectif d’arrêt


 

Fumeur cassant sa cigarette

Dans l’étude présentée, les chercheurs s’interrogent sur l’efficacité du vapotage pour les fumeurs sans objectif d’arrêt du tabac fumé. Les études existantes semblent ne pas démontrer ce fait de façon claire. Vous trouverez le texte complet de l’étude traduit en français ici.

NB : cette étude s’est terminée en juin 2018 et n’a pas encore été approuvée par un comité de relecture. Elle reste, pour le moment, au stade de pré-publication.

Le but de cet étude est de vérifier l’état de l’abstinence des fumeurs avec un dispositif électronique de vapotage avec nicotine (ENDS).

 


Méthode

L’étude s’est faire avec une cohorte en quatre volets en groupes parallèles randomisé, en double-aveugle et contrôlé avec un placébo.

Les participants étaient au nombre de 520 fumeurs actuels désireux de diminuer leur tabagisme mais sans intention d’arrêter de fumer. Chacun d’entre-eux s’est vu remettre un dispositif de vape de type eGo avec trois taux de nicotine différents : 0 (placébo), 8 ou 36mg/ml ou bien un tube de plastique inerte en forme de cigarette en guise de substitut. La durée de l’étude fut fixée à 24 semaines.

Il est d’ailleurs à remarquer que des études antérieures ont été menées, démontrant que la concentration plasmatique en nicotine étaient plus proches d’une cigarette avec un e-liquide en 36mg/ml : 13ng/ml contre 15ng/ml avec une cigarette combustible (10 bouffées sur 5mn). C’est pourquoi le taux de 36mg/ml a été retenu. Evidemment, comme vous le savez certainement, le taux maximal de nicotine en UE est de 20mg/ml. Ce qui démontre que ce taux n’est pas suffisant dans le cadre d’un sevrage tabagique normal, à des puissances faibles et donc, avec une consommation e-liquide/batterie bien inférieure. L’étude a été menée aux USA, où le taux de nicotine peut monter jusqu’à 60mg/ml.

Il a été demandé aux participants de réduire leur consommation de cigarette de 50% jusqu’à la semaine 2, puis de 75% ou plus par la suite.

Résultats

La conclusion de l’étude montre que l’abstinence de tabac fumé à court terme est assez faible. En revanche, si l’on continue à vapoter au-delà d’une semaine, la réussite de l’arrêt est de plus en plus probante. Et ce qui est très notable, c’est que la taux de réussite était significativement plus élevé pour le groupe 36mg/ml qu’avec le groupes 8mg/ml. La mesure placébo a permis d’écarter le biais de confirmation pour lequel le protocole d’étude aurait pu stimuler l’envie d’arrêter. Le placébo (e-liquide 0mg/ml) et le substitut factice ont montré des taux d’abstinence extrêmement faibles.

Les participants abstinents du groupe vape 36mg/ml utilisaient tous le produit qui leur avait été attribué en début d’étude à l’issue des 24 semaines. Ces fumeurs sont devenus abstinents, en moyenne, 95 jours avant l’échéance et 86% d’entre-eux l’utilisaient encore à la semaine 24.

Les limites de l’étude sont :

  • Un seul modèle de e-cigarette proposé
  • Deux arômes seulement (tabac et menthe)
  • Les participants ayant abandonné (36%)
  • La durée relativement courte du test (<1an)

Les points forts sont :

  • l’allocation aléatoire en double aveugle à différentes conditions de e-liquide nicotinés
  • l’utilisation d’un dispositif ENDS avec un profil d’administration de nicotine connu
  • des groupes de contrôle placebo et non-ENDS
  • la validation biochimique de l’abstinence autodéclarée

Conclusion

Le vapotage reste un bon moyen d’arrêter de fumer, même sans volonté d’arrêt total au départ, à condition d’avoir un taux suffisant de nicotine dans le e-liquide. Pour le coup; l’étude est assez clair là-dessus. De notre côté, dans l’Union Européenne, cela permet de monter que le taux maximal de 20mg/ml devrait être rehaussé à 36mg/ml afin d’approcher dépression le rendement des cigarettes combustibles. D’autre part, cette étude démontre également que la réussite n’est pas garantie à court terme et qu’il est important de continuer à vapoter aussi longtemps que nécessaire. La rechute n’est jamais loin lorsque l’on se sous-dose. On peut dire aussi que la pleine volonté d’arrêter de fumer n’est pas forcément nécessaire pour réussir un sevrage, avec la vape, sans même s’en rendre compte.